Ce matin, je me suis lancé à corps perdu dans une aventure inédite : accompagner mes enfants, respectivement en CP et CM1, à l’école. Il fallait prendre de l’avance car nous avions d’abord un rendez-vous clandestin avec une couturière anonyme chargée de la fabrication de masques adaptés à leur taille. Cette rencontre préalable présentait bien entendu le risque de verser dans un moment de socialité spontanée, ce que je redoutais. Mais il fallait avant cela remplir l’attestation de déplacement : comment faire, sachant qu’elle autorise à aller chercher ses enfants à l’école, mais non à les déposer ? Je décidai malgré tout de cocher la case « Aller chercher ses enfants à l’école », m’efforçant en vain d’imaginer un argumentaire capable de justifier ce choix auprès d’un membre d’une patrouille de surveillance du brassage des populations. Afin de penser à autre chose, et d’essayer de nous détendre tous trois sur le chemin de l’école, je décidai d’évoquer l’assassinat de Samuel Paty, tout en courant après deux trottinettes lancées à toute allure sur le macadam. Je ne suis pas convaincu que mon petit de CP ait bien saisi la différence entre salafisme et wahabbisme, mais le grand semble avoir été sensible aux arcanes juridiques posées par le concept de « liberté d’expression ». Ils ne m’ont interrompu que pour me signaler mon lapsus final : « Alors les enfants, ça va , maintenant vous êtes prêts pour l’hommage à Jean-Michel Blanquer ? » « - Tu veux dire Samuel Paty, Papa ? » « - Hein ? Pourquoi, qu’est-ce que j’ai dit ? ». Dans tous les cas, j’ai préféré être prudent, sachant que l’islamogauchisme fait des ravages à l’école primaire, et ce dès la maternelle. Armés de ces informations salutaires, et après deux bisous avec les coudes et à travers les masques, ils se sont engouffrés à toute vitesse dans la cour de récréation pour ne pas encombrer de leurs corps menaçants l’entrée de l’école. De mon côté, je me suis retourné et j’ai pris peur en voyant des parents arriver de partout avec leurs enfants affublés de signes ostensibles d’appartenance au covidisme radical, me sentant soudain envahi par une horde de super-propagateurs potentiels. J’ai pris mes jambes à mon masque et je suis rentré en courant me confiner à double tour, afin d’éviter toute forme de contamination sociale. J’aurai bien besoin d’une bonne journée de confinement pour m’en remettre.
L'aventure commence à l'aurore (chronique de re-confinement FB n°1)
Dernière mise à jour : 17 nov. 2020
Chronique très réaliste et empreinte d'humour . La peur , l'ennemi ou plutôt le danger potentiel : très bien vu - car ressenti .